à la fin, il ne s'agit que d'un prétexte.
L'infection. Les malades, les morts, les infectés et les infectables. Ceux qui soignent, ou qui essaient, ceux qui contrôlent. La quarantaine et tout ce qu'elle amène de négatif dans son sillage. Colère, désespoir, tristesse, indignation. Jian a vu, et Jian a su : ce qui a commencé comme une entreprise menée à bien par un enfant d'Épidémie ne pouvait que voir Captivité intervenir tôt ou tard. Car c'est comme ça que ça fonctionne, non ? La maladie est l'incarnation du fléau des maux, l'isolation est l'arme du fléau des captifs. Deux forces qui s'opposent depuis si longtemps que personne n'en comprend exactement l'origine. Peu importe. Jian n'a pas besoin de savoir.
Il n'a besoin que de savoir une simple constante : là où Épidémie avance, Captivité finira tôt ou tard par l'arrêter.
Et il aime s'improviser clef des prisons dressées par les forces de Captivité.
Feu qui brûle ses institutions dédiées au contrôle.
Voix qui pousse à la rébellion de ceux qui subissent sans même comprendre.
Tamotsu a été l'élément déclencheur. Jian entend endosser le rôle du libérateur - comme le veut sa nature. La maladie s'est propagée, s'est aggravée, depuis leur dernière rencontre. Alors naturellement, la police sanitaire a dû resserrer la vis. Alors naturellement, les médias doivent dresser une toile de mensonge plus épaisse encore pour dissimuler la vérité derrière l'écran de fumée. Plus ça va loin, plus les victimes cherchent une échappatoire... Et plus Jian se présente comme la solution évidente. Convoitée. Parce qu'à force d'oppression, les options finissent par peu à peu diminuer. D'abord, on encaisse et on espère que ça va passer. Puis on négocie. Puis on voit que négocier ne fonctionne pas. Alors on essaie de tricher. De s'échapper. De manigancer. Certains réussissent, d'autres non, et ceux là servent alors d'exemple pour que les autres restent dans les rangs. Alors au point culminant de l'injustice, ceux qui souffrent n'ont finalement plus que deux réelles options. Continuer d'encaisser, ou bien...
Briser leurs chaînes dans la violence.
Sur le toit du complexe résidentiel, il observe en contrebas. Il entend, il voit, il entend et il sent. Là, au sommet de cette tour consacrée au Mal, il s'apprête à changer ce monument. Tour prison, Bâtiment infection, en passe de devenir Fort rébellion. Il descend à la fenêtre d'un étage, et il observe entre les stores, pour voir à l'intérieur. Juger, jauge les résidents.
Il sourit.
Il vient de trouver l'Origine du feu à venir.