LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
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LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
DEAD CAN DANCE (O-Bon)Arc I : Big Boom Theory
Claquement du beat sur la peau, les basses pénétraient l'épiderme, pressaient sur les muscles. Néons iridescents baignant les corps, un ballet épileptique sévissait dans les sous-sols de la Métallurgie. Comment ça vous ne connaissiez pas ? Vous pensiez qu'on s'amusait qu'à Tokyo ? Nah. Dans l'enfer industriel de Sapporo, une fois par semaine, un des entrepôts de Sumimoto Metal prenait vie.
« ALORS SAPPORO ?! WHAT'S UP ?! C'est pas le moment d'être poli là. Give me this sweat, shake it. BURN IT DOWN ! »
Les doigts glissèrent sur les platines, le son reparti de zéro, couvert par les hurlements de la foule. Toute la journée ça crevait dans des usines, dans des bureaux, toute l'année ça jouait aux bons citoyens. Not now. Pas ici, pas ce soir. Dans l'ombre des entrepôts, aucune caméra pour les contrôler, aucun œil de l'Empire, l'hygiénisme et les traditions pouvaient bien aller se faire voir. Bien entendu que l'Oeil du ciel était au courant de ce genre de fêtes, tout comme il savait ce qui se passait dans au Red light District. Il s'agissait de cette zone grise, aux extrémités de la loi.
Aujourd'hui toutefois, la discothèque était noir de monde. Un invité spécial se trouvait derrière les platines. L'Ainu qui, depuis quelques années déjà, enflammaient les cœurs. Jamais deux fois au même endroit, toujours présent pour vous aider à lâcher vos pulsions. Un job qui, d'après son sourire exalté, lui seyait à ravir.
L'endroit était plutôt simple, un encadrement métallique, une boîte au sens littéral. Quelques chaises, matelas et divans, furent posés à la va-vite, un bar travaillait à vive allure sur la droite, des toilettes siégeant sur la gauche. Le reste de l'espace était dédié à la piste de danse, avec des énormes caissons de basse servant de chiens de garde au boot de l'artiste. Légèrement surélevé, prince parmi les fous, un énorme casque sur les oreilles, Shin'ichi ne tenait pas en place. Sautant, secouant ses locks ébènes, il frisait la transe.
Il n'était pas le seul. Les corps s'entrechoquaient sur la piste. Jambes en V, buste penché vers l'avant, des hanches se frottaient contre d'autres hanches. Là-bas, un groupe sautait en rythme, à gauche, ça hurlait des paroles inventées, tandis qu'un mètre plus bas, trois amis démontraient quelques pas de danse, maintenant dans un jeu d'acrobates leur bière à la main.
La musique déliait les esprits, mais elle n'était pas la seule. Posés sur ce qu'ils pouvaient, quelques corps titubaient en longeant les murs. Leurs yeux injectés de sang trahissaient une substance toute autre que l'alcool, d'ailleurs il suffisait d'un tour aux toilettes pour apercevoir une demoiselle absorber un petit quelque chose par le nez. La chair supplantait l'esprit, et déjà un groupe prenait place sur un matelas, des caresses et des sourires ? Oui, bien-sûr.
Et ce n'était que le début...
Corps contre corps, courbes et muscles se rencontraient dans l'obscurité. La musique se mêlait à la chimie, siphonnant la raison, réveillant l'animal trop longtemps endormi. Posé au gouvernail du chaos, Shin'ichi guidait son troupeau. Le rythme ralentit, l'engouement tournait à la sensualité. Une harmonie tribale, enfin presque...
« Et ben pour une surprise... »
Il était entré par la porte principale, convaincu comme tout ceux de son espèce de l'impunité offerte par l'invisibilité. Heureusement qu'il en fut ainsi, car vu son accoutrement... Le Koutetsu était lui-même un excentrique, son étrange veste matelassée, son énorme ceinture, sa coiffure ainsi que la myriade de bijoux ornant son corps, il ne passait pas inaperçu dans la foule. Pourtant à côté de ce type, il avait tout l'air d'un citoyen modèle.
La chose lugubre se déplaçait en prédateur, naturellement. Les brebis ne pouvaient pas le voir, mais le berger ne l'avait pas manqué. Si l'Ainu se tenait prêt à intervenir, un sourire illumina son visage lorsqu'il remarqua la seringue subtilement offerte. L'invité surprise semblait au-dessus des simples bêtes affamées d'énergie occulte.
Le fluide obscur se mit d'ailleurs à valser. Concentré autour des yeux de D.J, il décupla sa vision, juxtaposant le spirituel au réel. Le voile tomba, l'aura du Fléau lui fut entièrement visible. Un manteau fétide envahit l'espace, sombre, pernicieux, mais surtout, au moins aussi intense que l'âme du Koutetsu. Il ne s'agissait donc pas de quelqu'un qu'il pouvait sous-estimer.
Cependant pourquoi en venir aux armes ? Son petit tour de magie attirant l'attention de l'inconnu. Curieuse inclinaison, il démontra sa nature inhumaine, puis se rapprocha. Les mains quittèrent lentement les platines. Elles se joignirent au niveau du sternum, les doigts s'enlaçant dans un symbole propre au clan du Nord. On ne laissait pas un loup s'approcher sans s'inquiéter de ses crocs. La silhouette du Maître-fléau ne changea pas, mais sa peau se teinta de gris. Ses yeux devinrent entièrement orange, tandis que son nez disparut, laissant place à deux simples orifices. Une couture en zig-zag lui servait désormais de lèvres, Un changement subtil, une préparation pour la danse ?
« Get ready people ! Ce soir, nous avons un invité de marque, un véritable V.I.P ! »
Annonce lancée à la foule qui répondit en hurlant, alors même qu'un Fléau se tenait juste derrière lui. Shin'ichi le percevait toutefois parfaitement. Une main posée sur les platines, l'autre se déploya sur sa gauche. Il semblait attraper quelque chose. Du néant, un masque joignit sa main, et alors qu'il le posa sur sa tête, il changea d'ambiance.
Un violoncelle perça le silence, solitaire, imposant, impérieux. Le maître de cérémonie se retourna enfin, un masque de bois sur le visage. Des cornes rayées, un nez pointu, et des oreilles de gobelin ornaient désormais sa tête, avec comme plat de résistance un sourire étiré, énorme, parsemé de dents démoniaques.
« Un autre souhait pour sa majesté ?»
Le Koutetsu tira alors la langue, dévoilant un appendice pulpeux, anormalement lent. Déjà en lui se propageait l'effet de son masque, une tendresse débordante. Pas le sentiment le plus utile en face d'un démon, mais c'était là les règles du jeu ! Il se mit donc à dodeliner sur place, son poids passant d'un pied à l'autre, marquant le tempo. Sur son torse un pendentif se balançait en rythme, un Collier d'or avec un croc en pendentif, dont la signature spirituelle ne saurait échapper à son vis-à-vis. Les sigils de la Calamité de la Guerre était connu dans l'entièreté du monde occulte.
Quand au reste du club, ils ne semblaient même pas avoir remarqué le changement de musique. Bien au contraire, depuis l'apparition de ce masque, les émotions s'étaient décuplées. Les frottements devenaient plus intenses, moins pudiques, ou au contraire, certain s'arrêtait de danser, des larmes perturbant leur valse. Ici un groupe s'échauffait, des voix se faisant entendre, alors que jusqu'à côté, un jeune éclata de rire. Le chaos des émotions, l'humanité dans sa forme débridée.
« Ma musique traverse les frontières de l'humanité ? J'savais que j'avais du talent mais là... Car c'est bien pour cela que tu es là cher Fléau non ? Pour profiter de la fête ? »
Son ton, bien qu'aimable, restait toutefois suggestif. Il s'agissait ici de son domaine, et il ne le laisserait pas aisément perturber.
En d'autres temps, le Koutetsu aurait surement trouvé le sourire du visage masqué déroutant. Cette grimace cachée par le cuir était-elle d'ailleurs vraiment un sourire ? Sur le moment en tout cas, il trouva les rictus du fléau charmant, et sa requête lui arracha quelques secondes d'hilarité.
« Touché. Dans un bal toutefois, un morceau n'est qu'un ingrédient. Chaque ingrédient ne vient pas de moi, mais leur agencement, leur présentation oui. Il s'agit donc, aussi, de ma musique. »
L'amabilité nouvelle de son vis à vis balaya la méfiance du D.J. La magie du chaos alimentant une sympathie spontanée pour Tamotsu. Lorsque ce dernier se mit à... Danser ? Pouvait-on appeler cela ainsi ? Un énorme sourire illumina cependant le masque, dévoilant une rangée de dents acérées. Tout artiste appréciait de voir les résultats de son œuvre, encore plus quand celui-ci touchait quelque chose au-delà de l'humanité. En voyant l'esprit se laisser-aller, Shin'ichi ne pouvait que penser à son cher Elijah. Délicieusement imprévisible, charmeur et revêche, en voilà un être hors du commun.
Une larme ? Rêvait-il ? Cette soirée déjà extraordinaire tourna subitement à l'absurde, alors que le Maître fléau observait, incrédule, l'engeance occulte se travestir d'humanité. Absolument délicieux.
« Je dois te l'accorder, tu es imprévisible. Et bien si sa majesté insiste, quoi d'un mieux qu'un Little swing ? »
Encore une fois une étincelle d'énergie traversa son masque. La musique d'un coup, apportant avec elle de nouvelles couleurs. Une jeune femme qui se frottait juste avant sur son partenaire le repoussa violemment, un groupe chahutant se mit soudainement à rire, tandis qu'un jeune homme en larmes embrassa subitement le premier éphèbe passant à ses côtés. L'humanité s'enflammait de nouveau.
Shin'ichi lui se mit soudainement à rire, sa tendresse envers le Fléau s'était changée en une furieuse joie de vivre. Il le dévorait d'ailleurs du regard, curieux de voir ce qu'il dégoterait. Une autre surprise ?
« Alors cher invité, que penses-tu de cela ? »
Son ton avait également changé, plus direct, plus coloré. Il était difficile de lutter contre la joie, et actuellement, le Koutetsu n'en avait nullement envie. Sautant gracieusement, il se posa sur la rambarde le séparant de la foule. Berger contemplant son troupeau, il ne perdait néanmoins pas de vue le loup déguisé en brebis.
« Je comprends vraiment que votre espèce s'amuse avec nous. L'humain est si facile à manipuler. Que penses-tu de mon jeu... Quel est ton nom déjà ? »
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