LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
![](https://64.media.tumblr.com/5fa433726a11bf2d361a795f113b1f0c/dc48f049e523c2fc-21/s540x810/93cb6415629148d9805ce74dae8faf4cc4cf576d.gif)
LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
DEAD CAN DANCE (O-Bon)Arc I : Big Boom Theory
– Votre thé. Avec un nuage de lait et deux sucres, comme vous l’avez précisé. Où puis-je le déposer ?C’était dans mes vieilles habitudes de prendre la mesure de la journée en contemplant mon visage s’éveiller dans la profondeur de mon miroir. Je ne déjeunais pas. À vrai dire, je n’étais pas du genre à manger ou à boire quelque chose le matin. Les viennoiseries, le café, les salades de fruits ou les œufs au plat que les servants du domaine s’appliquaient à me préparer ne me faisaient jamais envie. J’avais beaucoup trop de choses à penser et toute cette orgie de nourriture me révulsait souvent. Je n’y étais clairement pas disposée. Je préférais me faire face et rester dans le silence. Arpenter l’infini qui s’étalait à l’intérieur de mon esprit. Cette méditation, celle qui fixait ma destinée journalière, ne devait jamais être dérangée.
– Vous pouvez le poser ici, fis-je, assez sommairement, en présentant un coin de mon bureau du bout du doigt, sans le regarder. Il s’exécuta sans rajouter quoi que ce soit et me laissa, seule, face à moi-même.
– Bon, je crois que c’est tout bon, non ? Qu’est-ce qu’ils veulent savoir de plus ?
– Il manque toujours quelques fixations sur la scène du Gi (犧)... et améliorer les mesures de sécurité. Les Kugen ont également rapporté qu’il y avait toujours des places manquantes autour de la scène. Ils voulaient réellement que leur cérémonie soit appréciée en tant que telle. Donc, pour l’instant…
– Attends, attends… C’était quoi leur problème ?! Donc, Koyo-kun, t’es en train de me dire qu’ils ont toujours pas trouvé comment protéger tout le monde de la cérémonie et qu’ils veulent agrandir leur nombre de places ? Mais… on est où, là, en fait ? Hein, mon petit Koyo-kun ?! Ils seraient pas un peu en train de se foutre de notre gueule, eux ?!
– Ils m’ont dit qu’ils voyaient avec les Jou pour finir d’établir un rideau malléable autour de la scène de frappe du Gi. Le défi était de trouver une barrière assez souple pour laisser entrer certains types de personnes, contenir leur énergie occulte tout en les protégeant eux-mêmes de leurs propres sorts, leur permettre de déchainer toute leur puissance dans le Gi, sans que cela n’impacte le public, et tout en leur permettant de voir l’action…
– J’entends, j’entends, mais ça n’enlève rien au fait qu’ils soient complètement irresponsables, en plus d’être irrespectueux. De vraies ordures, ces mecs. Raaah… Tiens, tu sais quoi, essaye de leur refourguer un de nos gars. Tu missionneras un vrai de chez nous, tu lui demanderas de diviser son âme de 4 talismans, ou plus s’il le faut, il le fera. Il étendra ensuite un rideau en permanence avec ses clones pour protéger le public, il pourra contrôler les passages au fur et à mesure… Après, s’il lui arrive quelque chose pendant la cérémonie, tu sais très bien ce qu’il se passera. Je te fais pas un dessin, hein…
– Très bien. Nous leur proposerons cela, donc. Je suppose que si les Kamo ne sont pas mis au courant de cet arrangement, tout le monde s’en portera mieux, n’est-ce pas ?
– Exactement, mon petit Koyo-kun. J’ai toujours adoré ce type. Son sens du secret et de la discrétion… Vraiment un petit salaud comme je les aime. En terme de respect de l’architecture demandée, ils ont de quoi être satisfait. Je le dis et je le redis, mais on a suivi leurs instructions à la lettre. Il ne faut qu’ils croient que nous nous sommes trompés quelque part. Regarde. Le doigt tendu vers l’allée qu’on avait construite. Dans l’espace de 17 hectares qu’ils ont pu allouer, on a disposé une artère principale qui permet aux festivaliers de se rendre à toutes les cérémonies rapidement. En arrivant depuis la place fleurie au Nord, on débouche sur la petite forêt qui borde le château des Kamo, là où se déroule la cérémonie des Kugen, le Gi. Leur amphithéâtre de la mort ceinture la scène de part et d'autre. Du grand spectacle en perspective. En suivant le parterre de fleurs qui sillonne le festival, on a installé la scène du concert Koutetsu. Oki Oki, leur cérémonie étrange, se déroulera dans le jardin du château Kamo. D’ailleurs, ils en disent quoi ? Ils faisaient tout le temps chier, eux, de toute façon.
– Le cercle de danse les a satisfaits. C’était une bonne idée de proposer une scène surélevée. Eux qui sont très attachés à la symbolique des choses ont considéré cette approche comme une marque de respect pour le Grand-dresseur, chorégraphe, et le Grand-danseur, interprète. Donc ils ont apprécié l’idée.
– Aaaah… Une drague à peine dissimulée. C’est marrant de voir comment Dame Nodame Kamo se tue à essayer de faire du pied à Ezo Koutetsu, alors qu’elle lui crachait dessus il y a même pas un an… Les kimonos sont réversibles, à ce que je vois. Main sur le menton pour trahir ma réflexion : Nodame a toujours aimé les expérimentations douteuses. C’était un secret de polichinelle qu’elle ne cachait même plus. Alors comme ça, c’est la fléaumorphose, la cible des Kamo cette année. Tiens donc. Les bonnes poires… Si cette grosse tête se doutait de la rapacité du gars, elle ne se serait pas autant donnée pour lui offrir la meilleure réception possible. Elle lui aurait donné des miettes, à peine de quoi faire quelque chose de potable. Dingue qu’elle ne se soit pas rendue qu’elle venait de se faire berner en acceptant des conditions de cérémonie comme ça. Elle s’est faite séduire par leur atout. À n’en pas douter. Les bonnes poires pourries, ouais. Ce gros trimard d’Hokkaido nous chie tous à la gueule. Et il va juste en profiter pour convertir de nouveaux guerriers sans calculer personne d'autre.
– Leur pouvoir est source de convoitises et il sait qu’il incarne la puissance martiale qui nous protège tous du débordement des Calamités. Il avance dans tous les débats avec cet avantage rhétorique… Et puis, la cérémonie d’Oki Oki était clairement un bon parti pour les Kamo. Leur célébration est une transe interactive qui plaît à beaucoup de monde, car elle incite tous les participants à répéter les mouvements improbables du Grand-danseur et à tenter de s’approprier la chorégraphie. C’est un vrai espace de partage que les Kamo ont voulu englober de leur esthétique traditionnelle en la décorant avec des montagnes de fleurs rouges et des figures de ronces.
– C’est clair, mon petit Koyo-kun, mais vont-ils y parvenir ? Les Koutetsu ont le don pour s’accaparer la vedette et imposer leur culture partout où ils vont. C’est à se demander s'ils ne nous sermentent pas à notre insu pour qu’on soit ok avec tout ça… Après, nous ne sommes pas en reste non plus. Il valait mieux ne pas trop s’en vanter, mais oui, on avait pas chômé non plus de notre côté. Puisqu’on était les cuisiniers, on s’était mis les bons morceaux dans notre assiette pour ainsi dire.
– D’ailleurs, à ce propos, nous avons entièrement terminé l’installation de notre cérémonie de Norigae sur le bord du lac.
– Ouais, je sais, j’ai quelqu’un sur place. J’ai vu que vous aviez pris le soin de préparer les lanternes à lancer. C’est bien d’avoir pris de l’avance, les gars. En termes d’encre pour les papiers à secret, j’ai cru comprendre qu’il manquait encore 60 bouteilles. Je suis en train de les faire arriver. De toute façon, nous sommes la dernière cérémonie. On a encore le temps de s’organiser. La décoration est bien ajustée par contre ?
– Les châles et les toiles de métal ont été soudés sur le point d’observation. Les spot de lumière sont également disposés, on les a testés cette nuit. Les spectateurs pourront assister à l’envoi des lanternes dans un noir. De plus, les installations florales, les camélias et les chrysanthèmes, qui entourent le point de confection de la sphère secrète, ont été ignifugées. Est-ce que je dois avertir l’équipe de quelque chose d’autre ?
– Demande à Meruji Saimin de venir sermenter la voûte d’entrée pour sécuriser les secrets qui seront écrits dedans. Elle sait très bien de quoi je veux parler. Elle comprendra tout de suite. Sinon, du reste, tout m’a l’air assez carré. Je vais envoyer mon rapport à Kensei-sama. Tu peux filer si tu veux, Koyo-kun. On sera lancé dans trois quarts d’heures environ.
– Alors, je vous dis à dans trois quarts d’heures, cheffe.
– Frapper le Gi, cette boule d’énergie occulte figée, symbole transcendantal d’O-bon, avec toutes les capacités qui sont en ton pouvoir pour lui infliger le plus dégât possible. C’est une rétribution de l’énergie à l’Autre.
– Hein ?! Mais, qui êtes-vous ?
– Il faut bien comprendre que les Kugen, les Jou et les Tsuin ont énormément collaboré pour sécuriser le centre de l’arène de frappe. Les spectateurs sont en train de s’installer… On dit souvent que les premiers donateurs qui s’exercent dessus sont généralement les moins forts. C’est le temps donné aux exorcistes de bas-rang, aux profanes, aux inconnus… Ils chauffent la balle. Attendons deux ou trois heures pour voir les vrais chousensha (挑戦者, challenger). L’ambiance va exploser d’un coup.
– Oh… Euh… D’accord, d’accord, donc là, concrètement, j’allais devoir rester ici pour regarder ça avec lui ? C’était ça le plan ? PAS DU TOUT, EN FAIT ! J’allais déjà faire un premier tour et ensuite, on allait voir. Je crois que j’ai un appel. Allo ? C’est par télépathie, hein… lui fis-je en pointant le bout de ma tête pour mimer un téléphone. Je me reculais en continuant de lui faire face. Ne jamais… JAMAIS… tourner le dos à un agresseur. Continuer de maintenir un contact visuel avec lui. Ne pas lui montrer nos émotions. Leçon n°4 des techniques d’intériorisation mentale en cas de situation stressante de Steven Seagal.
– Je ne sais pas si ces techniques marchent, mais en tout cas, je dois avouer que ce charlatan m’a toujours impressionné. Réussir à faire passer le TAÏ-CHI pour un art martial… Il y a vraiment des imbéciles qui le croient en plus ! Ah ah ah ah ! Bref ! Allez, bonne journée ! Revenez au moins pour les frappes finales des primats blancs.
|
|