LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
Some days I’m okay, someday I’m not.
Nagoya. Une grimace vient ternir son visage. Si Rebecca a choisi d'enseigner à l'Académie de Tokyo, c'est bien parce qu'elle s'y sent plus à l'aise qu'ici, à Nagoya. Des centaines d'exorcistes se sont déplacés pour participer aux festivités d'O-Bon, une fête essentielle pour eux, primordiale même. C'est une occasion qui ne se présente qu'une fois par an pendant laquelle chacun peut brosser les chefs de clan dans le sens du poil et tenter de rentrer dans leurs petits papiers. Des jeux de pouvoir, des sourires de façade, des rires grossiers, tout ce qui lui déplaît elle qui pourtant s'en sert à l'excès. Elle ne les apprécie pas mais elle est comme eux.
Vêtue dans un kimono léger, il est d'une couleur de pêche. Des motifs de fleurs de cerisiers commencent sur le bas du tissu et remontent jusqu'à ses omoplates. Un obi noir enserre sa taille, le noeud dans son dos est soigné tout comme ses cheveux noués en un élégant chignon. Quelques broches dorées sont accrochées dans sa chevelure. Sa peau est couverte d'une fine couche de poudre blanche, ses lèvres sont dessinées d'une couleur assortie à ses vêtements et ses yeux, travaillés par un eye-liner. Son expression est neutre, son regard se détourne et son estomac se tord, écoeurée. Elle n'est qu'un objet qu'on embellit lorsqu'il faut la montrer et qu'on dissimule lors des réunions importantes. Là pour faire bonne figure.
Elle pourrait vomir à leurs pieds, elle pourrait cracher sur leurs souliers, se débattre et hurler qu'elle n'a jamais voulu épouser quelqu'un de ce clan. Qu'elle n'a jamais voulu avoir un rôle aussi restrictif. Mais à quoi bon ? Cela ne changerait rien. Il est trop tard pour s'opposer au mariage, elle aurait dû le faire bien avant. Sauf qu'elle n'en avait pas la possibilité. Elle s'est résignée à mener une vie d'hypocrite. A aborder un sourire trop large, trop grand, trop brillant. A prendre sur elle, encore et encore. A encaisser tout ce qu'on lui a imposé et à le supporter pour ne pas s'écraser. Jusqu'à la fin, elle vivra une vie de prisonnière mais ce n'est pas grave.
Tant que cela permet à son fils de vivre libre, de ne jamais être restreint par des règles, des noms de clans ou des obligations. Tant qu'il peut continuer de lui afficher ce sourire franc et si doux à la fois. C'est tout ce dont elle a besoin pour ne pas regretter ses choix, pour ne pas regarder en arrière. Pour continuer de se tordre de rire plutôt que de s'effondrer en larmes. Plus jamais elle ne veut lui infliger cette vue, plus jamais elle ne veut être un poids pour lui.
« Il faut que je bois. »
Murmure Rebecca, se dirigeant vers un des nombreux stands pour s'y appuyer et commander de la bière. Une pinte. Elle repense à ce moment où elle l'a trouvé dans la rue. Deux pintes. Elle se rappelle ce moment où elle a affronté des fléaux, vu la mort de ses camarades. Trois pintes. Ses parents l'abandonnent au profil d'un mariage qui ne la rendra pas heureuse. Quatre pint-. Non, non, non ! Le monsieur ferme boutique, il est tard, l'heure de l'événement final approche et il ne veut manquer ça sous aucun prétexte et surtout pas pour tenir compagnie à une adulte ivre et de mauvais poil. Un radin murmuré, la rouquine est forcée d'abandonner.
A pas d'escargot, les exorcistes se dirigent vers le clou du spectacle ; le lac autour duquel seront lâchées les lanternes porteuses d'espoir. Si elle n'a pas daigné participer au reste de la fête, elle ne peut pas rater cette partie puisqu'elle s'est dit d'y retrouver son fiston après qu'il se soit amusé à vaquer ici et là. C'est de son âge, elle n'a pas besoin de le surveiller, il ne risque rien ici. Cela ne l'empêche pas de récupérer son sourire dès lors qu'elle aperçoit sa frimousse, à la lumière des lanternes qui éclairent l'allée.
« Yaaaahiiiiiruuuuuuu !!! Je suis là ! Je suis là ! »
C'est incroyable. Il lui suffit de le voir pour se sentir apaisée, heureuse. C'est ça, le bonheur d'être mère, se réjouir rien qu'à la vue de son enfant. Elle lève le bras, l'agite pour être certaine qu'il l'aperçoit -elle est la seule rousse dans les parages, il ne risque pas de la rater. Ses soucis s'envolent, l'étincelle de regrets de son regard disparaît et si son sourire paraît un peu forcé, il n'en demeure pas moins présent. Elle glisse une main dans sa chevelure pour l'ébouriffer avant de reprendre sa marche.
« Alors ? Tu t'es bien amusé ? J'espère que tu leur en as mis plein la vue ! »
Qu'ils sachent tous à quel point son fils est incroyable.
« On a encore le temps avant le début de la cérémonie, prenons les meilleures places pour observer les lanternes ! »
Quitte à pousser gentiment quelques personnes déjà installées...