LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
Le bruit sourd du couteau, tranchant dans la chaire, à répétition. Le frémissement de l’eau, flirtant avec l’ébullition. Le grésillement mélodieux de l’huile dans la poêle. L’odeur des épices et du bouillon, qui emplit tes poumons, à chaque inspiration, ne faisant qu’accroître ton appétit. T’installer au-dessus de ce petit restaurant de Ramen avait été ta meilleure décision. Enfin, après avoir quitté l’Orthodoxie. Ta deuxième meilleure décision. Ouais, c’est ça ! Il n’y avait rien de meilleur, après une longue nuit de travail, que de descendre les quelques marches te séparant de l’échoppe pour être accueillie chaleureusement par le propriétaire des lieux. C’était ton programme, pour ce début d’après-midi paisible.
« Ma petite Ringo ! Laisse-moi deviner, t’as encore passé une nuit blanche c’est ça ? Faut te reposer si tu veux tenir le rythme ! »
Malgré le brouhaha des clients, la voix du cuisinier sonnait claire à tes oreilles. Des mots tendres, presque réconfortants, qui t’offraient un moment de repos amplement mérité. Tout sourire, retirant élégamment ta veste d’une main et desserrant ta cravate de l’autre, tu déposas ton fessier sur l’une des chaises hautes au niveau du comptoir.
« C’est très gentil de t’inquiéter pour moi mais je suis plus solide qu’il n’y paraît ! Par contre, j’ai une faim de loup ! Tu me serres un – »
« Ramen extra large, avec supplément porc, l’œuf bien coulant, un peu de piment pour assaisonner et un thé vert pour nettoyer ton palais ! Je sais ~ »
Laissant échapper un rire, remettant une mèche derrière son oreille, tu ne pus qu’admirer le talent de l’homme pour faire sentir ses réguliers comme à la maison.
« Tu es un dieu parmi les hommes Shiawase ! »
Comme un véritable artiste, il s’était remis au travail. Les gestes précis, légers mais puissants à la fois, rythmés, le proprio préparait ta commande. Il était de ces passionnés qui avaient trouvé leurs voix. Un expert dans son domaine. Nombreux étaient ceux qui passaient outre la réputation de grande gueule impolie de l’homme, donnée par la politique de l’empire, pour déguster ses plats. Oui, Shiawase ne rentrait pas dans les cases, avec sa chevelure noire parsemée de mèches vertes qui faisaient sa fierté, sa manière de parler, sans filtre, et sa voix forte. Pourtant, ici, tout le monde se sentait à la maison. Bien plus que dans n’importe quel établissement si contrôlé par l’empire, ou tout était impersonnel, comme dans un hôpital.
Mais une voix, montant dans les aiguë, insupportable et plaintive, vint gâcher ce bon moment. Oui, tu l’avais remarqué, ce jeune homme, qui gesticulait devant la caméra à sa table, se noyant dans un discours à rallonge centré autour de … lui-même. Ne pas le voir était du domaine de l’impossible, tant il faisait de son mieux pour attirer l’attention.
« Vraiment, cet endroit est tellement bas de gamme ! J’comprends pas comment les gens peuvent avaler ce genre d’horreur ! »
« Tch. Quel chieur ... »
.
Contre ton palais, ta langue avait claqué, face à la vague d’ennuis que tu sentais arriver à plein nez, gâchant ton moment de repos. Et bingo. La seconde d’après, celui qui semblait être une petite célébrité se mettait à claquer des doigts, appelant ton cher ami comme s’il s’agissait d’un chien.
« Cuistot ! J’ai une plainte ! »
Déjà, les murmures s’élevaient autour de la scène, ne faisant que flatter un peu plus l’égo du mioche en recherche d’intérêt, alors que Shiawase délaissait ta commande pour se rendre à ses côtés, essuyant ses larges mains sur le torchon trônant sur son épaule, calmement.
« Oui monsieur, en quoi puis-je vous aider ? »
« Ce plat est dégueulasse. Comment osez-vous me servir ça ? Hein ? Vous savez qui je suis au moins ? »
Tu la sens, la colère et l’impatience, grimper en toi, à chaque mot qu’il prononce. Petit à petit, ta prise se referme sur la tasse de thé que tu avais commandée, un peu plus tôt.
« Si vous m’expliquer ce qui vous dérange, je serais à même de vous ai- »
Soudain, le bruit de la porcelaine qui se brise. Du bouillon qui sur le sol, se répand, trempant tout sur son passage. Et toi, qui te lèves, d’un coup, bien décidé cette fois, à intervenir. D’un pas décidé, le regard sévère, bien que souriante, tu te diriges vers la scène de conflit. Parce qu’il est hors de question que tu laisses quelqu’un s’en prendre à un endroit que tu aimes. Et encore moins le premier petit con en manque d’amour qui passait.
Moqueur, imbu de lui-même devant la caméra, il continuait de beugler ses remarques, à la recherche du buzz.
« Votre plat est à vomir ! De la basse qualité, de A à Z ! Est-ce que vous respectez au moins les lois de l’hygiène, hein ?? »
Clac.
Le bruit de tes pas se fit plus lourd, plus audible, interrompant le désagréable échange. Sur toi, les regards se posèrent, comme à l’apparition d’un nouveau protagoniste sur le devant de la scène.
« C’est une lourde accusation que tu fais là, morveux. Tu es sûr de pouvoir en assumer les conséquences ? ~ »
Le vieux proprio sembla surprit mais, avant même qu’il ne puisse s’exprimer, tu lui offris un clin d’œil rassurant, t’installant à ses côtés, fière, droite, et bien décidée à ne pas laisser la graine de petite peste s’en sortir, malgré son équipe de tournage à ses côtés. Ni même cette femme, qui au cœur de l’équipe, se démarquait, par la manière dont elle te regardait de ses yeux ambrés, décorés de violet, et de son élégance.
Cette femme, qui était la vraie menace. Ça se voyait, comme le nez au milieu de la figure, qui était la véritable cheffe.