LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
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LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
DEAD CAN DANCE (O-Bon)Arc I : Big Boom Theory
Shuhei profite d'un jour de repos pour faire un tour en ville. Le soleil tapant fort et la jeune femme n'ayant pas énormément d'heures de sommeil derrière elle, elle décide de se protéger de l'astre solaire avec une ombrelle. Quand bien même elle n'est là que pour ses études d'exorcisme, les années lui ont appris à apprécier Nagoya ou du moins, les quartiers historiques de celle-ci. Ayant grandi dans les campagnes, la ville lui a toujours prodigué un sentiment étrange. Elle ne s'y s'en pas à sa place. Lorsqu'elle voit ces hautes tours de bétons et de baies vitrées s'élever, elle a l'impression d'être minuscule, insignifiante. Le gouvernement doit d'ailleurs penser que le peuple est insignifiant étant donné la façon dont il n'hésite pas à se débarrasser des dissidents.
La Jou profite du paysage et observe les passants avec sa curiosité habituelle quand bien même ils semblent parfois déshumanisés. Elle s'arrête à une première boutique où elle craque totalement devant une peluche lapin qu'elle finit par acheter à un prix exorbitant. Puis, elle se stoppe devant une pâtisserie où elle achète bien une dizaine de petits gâteaux, ses préférés de Nagoya. Comment résister à quelques douceurs après une longue semaine de cours ? Mais, son shopping n'est pas fini puisqu'elle tombe amoureuse d'une robe qu'elle s'empresse également d'acheter.
Après trois heures à déambuler et à faire des arrêts par-ci par-là pour acheter des choses ou pour prendre des photos avec son téléphone, elle finit par s'asseoir sur un banc,
"Je me demande si Gin sera content que je lui ramène quelques gâteaux... hehe..." dit-elle à voix haute pour elle-même, toute fière de ses trouvailles.
Alors qu'elle regarde les photos qu'elle a prise depuis la galerie de son téléphone, un bruit étrange attire son attention. Elle tourne la tête pour jeter un bref coup d'oeil, mais ne voit rien. Puis, elle retourne à ses activités. Quelques instants plus tard, une substance étrange tombe sur son épaule. Elle la tête et aperçoit alors ce qui ressemble à un chien mais dont le corps semble uniquement constitué d'os. Personne ne semble voir cet espèce de monstre. Un fléau !
Elle se jette en avant assez vite pour esquiver un coup de patte, protégeant tant bien que mal ses achats. Pourquoi un fléau qui a l'apparence d'un chien ? Shuhei a peur de ces bêtes. Les larmes commencent à lui monter aux yeux alors qu'elle se relève, attrape ses affaires et se met à courir dans la direction opposée à celle du monstre dissimulant sa course aux yeux des profanes.
Arrachant le bouchon avec ses dents, Domenico amena rapidement la bouteille à ses maigres lèvres distordues avant de descendre l’entièreté du rouge à grandes gorgées, jusqu’à ce que la bouteille soit vide, grimaçant.
Le vin japonais était toujours aussi mauvais, sans goût, sans identité, mais la politique de l’Empire ne favorisait pas l’exportation de vins français, italien, ni même américain. Le grand brûlé se détestait de penser cela, mais même un mauvais rouge américain lui aurait suffi plutôt que cette infâme piquette âpre qui était appelée vin.
Mais quel Italien mangeraient ses pâtes sans vin ? Quel être humain constitué d’un minimum de jugeote mangerais son fromage sans rouge ? Aucun.
Pour le métis, il était hors de question de dénaturé encore plus la gastronomie italienne, déjà qu’elle n’était pas fameuse au pays du soleil levant... Le seul restaurant italien potable de Nagoya, voyait Domenico venir depuis des années, depuis qu’il était à l’académie, le vieux chef avait pris sa retraite, mais le métis était resté. Depuis son accident, il avait même une pièce attitrée ou tous les samedis midi, il venait manger, dégustant la cuisine italienne de ce petit restaurant qui n’avait aucune prétention.
Se cachant aux yeux de tous, Domenico refusait qu’on puisse le regarder, le dévisager, lui qui n’avait plus de visage, n’ayant qu’une masse défigurée par d’horribles brûlures qui écoeurait tout le monde. Il n’avait jamais digéré le dégoût instinctif qu’il avait reçu de ceux qu’il avait sauvés, des autres professeurs, des étudiants, tous avaient été horrifiés par son apparence, le forçant à cacher son visage, comme s’il n’était qu’un monstre.
De fait, il l’était devenu.
Seuls les Koutetsu, son sang, ne lui avait pas tourné le dos, ayant été plus présent que jamais. De fait, son allégeance était absolue. Domenico était le chien de son clan à Nagoya, travaillant pour leurs intérêts avant toute autre chose.
Le samedi midi, ce repas dans ce petit restaurant, était le seul moment, ou Menocchio n’était plus exorciste, mais bien, l’homme maltraité par la vie, il était Domenico, encore plus quand il amenait à chaque repas la photo de sa bien-aimée, de sa douce Aï.
À cet instant, il aurait échangé son humanité, quitte à devenir un fléau s’il avait pu la revoir, ne serait-ce qu’une seconde…
Seul le souvenir et la mémoire d’Aï avaient l’obéissance absolue de Domenico.
En y repensant, tant de souvenirs remontaient dans ce restaurant, des souvenirs heureux. Tant de choses qui l’enivraient. Mais quand il repensait à Aï, la colère remontait toujours et le vin accentuait le sang chaud de l’italien. Domenico était d’une humeur massacrante, rendu encore plus irritable par l’alcool et sa piètre qualité.
Ayant achevé son repas, Domenico se releva et en revêtant son chapeau, comme les lunettes fumées, l’exorciste et professeur fut de retour, Menocchio laissant Domenico derrière lui, alors qu’il remontait le masque qui lui cachait la partie basse de son visage.
En passant devant la cuisine, il alla féliciter le chef et disparu, laissant plusieurs billets et un pourboire bien gras. Cet endroit était son second chez lui, il veillait tous les jours à en prendre soin.
Une fois sortis, Menocchio évita consciencieusement les lieux qui lui rappelaient Aï, ainsi que tous les endroits qui respiraient la nouveauté, le métis détestait le changement, les évolutions. Le temps qui passait lui donnait l’impression que tout s’approchait d’une irrémédiable débâcle.
Le grand brûlé détestait cette ville, parce que tout ici le faisait souffrir. Nagoya était le mausolée de ses tourments et de son malheur. Mais, plus le métis souffrait, plus il était cruel, ainsi lâché à toute vitesse dans une sempiternelle pente qui l’amenait de plus en plus à être un monstre, ce qui lui faisait de plus en plus plaisir.
En passant près d’un parc, une odeur âpre lui monta au nez, cela sentait le fléau et Menocchio avait faim de cette haine insatiable le dévorant de l’intérieur. Le sang alcoolisé lui montait à la tête, le métis partait en guerre à toute vitesse, laissant son kimono arborant le mon Koutetsu claqué au vent. Il possédait une lueur hagarde et perverse dans son regard, qui dénotait de son costume. Le grand brûlé avait tout d’un monstre.
L’odeur de fléau finit par se conjuguer aux cris d’une jeune femme. Mais il n’avait que faire des civils, ils pouvaient bien mourir tous autant qu’ils étaient, enivré et enragé comme il l'était, il n’en voulait qu’aux monstruosités qui émergeaient de l’énergie occulte qu’il adorait torturer puis déguster. Il ne fallut alors que quelques instants pour apercevoir le fléau, qui avait la forme d’un squelette de chien animé. Un Gashadokuro canin qui n’en avait plus très longtemps à vivre.
Tout le corps de Menocchio grouillait d’excitation et d’énergie occulte, ses muscles frémissaient de plaisir à l’idée du carnage futur. Le fléau n’était pas assez puissant pour représenter le moindre danger. En un contre un, le grand brûlé se considérait comme invincible. L’immonde créature était trop occupée à poursuivre une crinière argentée qui évoqua rapidement quelque chose au métis.
Ayant pris la parfaite tangente de la trajectoire de la bête, Menocchio la rattrapa aisément et glissa en dessous du fléau. Il écarta spontanément les doigts de la paume de sa main, alors que l’énergie occulte déferlait sous la forme des picotements caractéristiques de son sort. En un instant, il toucha trois des quatre pattes du fléau, en profitant pour le faire tomber au sol.
Pendant qu’il se relevait, le métis s’approchait à pas lent du fléau, prêt à le massacrer pour ensuite le manger. Le grand brûlé sentit l’eau lui monter à la bouche… Il était affamé.
Ce fut à cet instant qu’il entendit son nom et distrait à cause de l’alcool, il se retourna.
Il aperçut Shuhei Jou, une de ses élèves.
Il ne fallut qu’une seconde pour que la créature ne reprenne le dessus et de sa grande gueule, il attrapa Menocchio.
Il secoua le métis comme une poupée de chiffon avant de l’envoyer au loin, non sans avoir déchiré la peau du grand brûlé, vu que du sang goûtait désormais des longues dents du fléau.
Désormais, Shuhei Jou était seule face à ce fléau.
La jeune exorciste ne sait pas combien de temps s'est écoulé entre le moment où elle a vu le Fléau et celui où quelqu'un est venu exorciser cette abomination. Ce dont elle est sûre, c'est qu'elle a parcouru une longue distance en courant et que le Fléau semblait bien décidé à la manger, sans doute parce qu'elle possède une plus grosse réserve d'énergie occulte que les profanes. Et, si elle n'est pas forcément ravie d'être poursuivie au moins, les civils sont épargnés par l'abomination tant celle-ci semble obsédée à l'idée de dévorer la jeune Jou.
Pour le meilleur comme pour le pire, elle se trouve toujours seule lorsque les choses tournent mal. Elle commence à se faire à cette idée et à celle qu'elle pourrait bien y passer ce jour-ici. A plusieurs reprises, elle s'est tournée vers le Fléau, se demandant si elle pourrait potentiellement l'affronter mais à chaque fois, la peur l'avait emportée sur sa volonté. Shuhei n'est pas une combattante, elle ne l'a jamais été. Son truc, c'est de donner l'opportunité à ses partenaires de survivre et surtout, de mettre en valeur leurs talents.
Heureusement, alors qu'elle commence à s'essouffler quelqu'un semble voler à sa rescousse. Après avoir fait usage de ses dons sensoriels, elle a constaté la présence d'une autre source d'énergie occulte en approche et s'est empressée de se tourner pour apercevoir la chose ou la personne en question. C'est là qu'elle a remarqué un visage masqué, une silhouette familière et pourtant si effrayante : celle de son professeur. Un monstre contre un monstre.
"Menocchio-sensei ?!" s'écrie-t-elle surprise alors que le Fléau s'effondre sur lui-même. L'homme se tourne vers elle. Terrible erreur. Erreur dont ELLE était à l'origine. La bête attrape l'enseignant-exorciste et le secoue dans tous les sens avant de l'envoyer valser. L'espace d'un instant, elle se demande si Menocchio est mort, si elle ne viendrait pas de tuer son professeur par accident. Elle recule d'un pas et perd l'équilibre à cause d'une pierre, tombant sur ses fesses tandis que le Fléau se lèche les babines. A ce moment-là, de nombreuses pensées traversent son esprit et lui font oublier l'espace d'une fraction de seconde la terreur que les chiens lui inspirent. Elle parvient alors à canaliser son énergie occulte dans sa main droite et s'apprête à l'envoyer sur son agresseur lorsqu'elle aperçoit le sang qui dégouline des crocs pointus de la bête, faisant vaciller sa concentration et viser à côté.
Shuhei esquive un coup de patte in-extremis en se jetant sur le côté, puis elle se relève -sans ramasser ses affaires cette fois- pour courir et tenter de mettre de la distance entre le Fléau et elle, tout en criant bien entendu,
Le fléau s’engagea derrière Shuhei à toute vitesse, la poursuivant l’écume aux lèvres et la rage à la gueule, s’il arrivait à l’attraper, nul doute que la jeune femme mourait déchiquetée en autant de confettis que son corps pourrait l’être. Sans son professeur qui avait été envoyé comme un vulgaire jouet, la Jou avait-elle encore une chance de survivre et d’en réchapper ? Le métis était probablement mort vu l’impact et la violence de l’assaut, la seule perspective de survie pour la jeune femme était qu’un exorciste l’entende hurler ou que la bête décide de poursuivre une autre cible. Mais le destin était cruel et la jeune femme représentait un déjeuner tout à fait exquis.
Shuhei Jou allait mourir ici, s’en était une certitude.
Cependant, quelque chose clochait, comment se faisait-il que le fléau n’ait pas déjà achevé l’apprentie exorciste ? Si elle avait pu regarder en arrière, elle aurait pu remarquer que la bête vacillait et ne courait pas droit, comme si elle avait été mystérieusement empoissonnée…
Une ombre passa à cet instant-là devant le soleil, créant pour un unique instant, des ténèbres qui voilèrent le regard de la monstruosité aux apparences de canidé.
Ayant lâché Shuhei du regard, la bête eut tout le loisir de voir fondre sur elle, directement du ciel, un grand brûlé où aucune trace de blessures ne semblait avoir marqué sa peau, seul des vêtements en partie déchiqueté attestait de l’assaut qu’il avait subi un instant auparavant.
Menocchio avait survécu et il comptait bien achever sa cible.
Il percuta la mâchoire du fléau en ricanant de plaisir, apposant ses mains sur la gueule de la créature, elles se mirent à luire d’une pernicieuse lueur prune, alors que son énergie occulte parasitait une nouvelle fois l’organisme du fléau. Satisfait, le métis sauta alors en arrière, il savait qu’il avait gagné, il avait inoculé un puissant poison contenu dans son sang, la bête n’était plus elle-même et formait désormais une cible facile pour n’importe qui en état de l’abattre.
Menocchio était tout à fait en état d’en finir, il exécuta un premier geste incantatoire, alors que la bête se mit à gémir de douleur au concerto des rires du grand mêlé. Il se délectait de la souffrance et des lamentations du fléau. Il avait tellement faim de cette rage et de cette haine qui guidait ces pas et le dévorait de l’intérieur jour après jour. De cet appétit horrible qui gangrénait son être, sa personnalité, de cette envie maladive d’être plus fort, d’écraser les autres, de les dominer comme on domine un chien qu’on frappe, tout cela affleurait du métis et suintait de manière perverse de son être comme rarement cela suintait.
Mais les tourments qu’il comptait infliger à la bête n’étaient pas terminés, il n’avait plus son élève en tête, il n’avait que cette vicieuse cruauté qui le poussait alors à faire plus pour continuer à faire proliférer ses sorts qui dévoraient les forces du fléau de l’intérieur. Au moment où la bête se jeta sur le métis après avoir compris qu’il était la raison de son mal-être, un nouveau mouvement incantatoire fit se dérober les jambes de la bête qui se retrouva immobilisée au sol, sans défense comme une tortue sur le dos.
Prenant tout son temps, ricanant d’un rire mauvais et rauque, il acheva de vider de son énergie occulte le fléau grâce à ces sorts. Une fois, cela fait, abaissant son masque, il arracha avec ses dents une partie du crâne du fléau, avant de ressentir toute l’énergie le remplir et pulser dans son organisme. La bête se dissipa alors et relevant son masque, Menocchio se sentit étanché dans sa soif de sang et de cruauté.
Peut-être devrait-il traiter ses élèves de cette manière pour se faire respecter ?
D’ores et déjà, ses yeux luisaient moins de cette lueur sadique. Il se fit craquer toute la nuque consciencieusement, puis le dos, avant de chercher du regard son chapeau, d’aller le ramasser, de l’enfiler sur son crâne. Il souffla pour vider ses poumons avant de cette fois-ci tenter de trouver Shuhei. Il lui fallut quelques instants avant qu’il ne retrouve la jeune femme et qu’il la rejoigne en quelques foulées avant de se planter devant elle, à moitié enfouis dans un buisson. Il déclarera alors de la même voix rauque qui quelques instants auparavant jubilait de l’ignoble torture qu’il infligeait au fléau :
« Mademoiselle Jou, tout va bien ? Vous n’êtes pas blessé ? »
Cependant, la voix était plus douce qu’elle ne l’avait jamais été avec n’importe quel autre étudiant depuis son accident, Shuhei Jou était pour Menocchio… spéciale… Pour… pour plusieurs raisons.
Savoir si elle était blessée importait au professeur, sans qu’il ne puisse avouer à quel point pourquoi elle comptait plus que tout les autres élèves réunis. Il dirigea sa main gantée vers elle, pour l’inviter et l’aider à se relever, adoptant sans s’en rendre compte, une nouvelle fois ce ton qu’il n’utilisait qu’avec elle :
« Venez-avec moi, il faut ramasser vos affaires éparpillées puis… puis je vous emmènerai déjeuner pour se remettre de cette… expérience. »
Le métis qui haïssait tout le monde et vivait pour maltraiter et violenter les étudiants (même si c’était pour les former au métier d’exorciste) n’était définitivement pas la même personne quand il s’agissait de Shuhei. Quant au pourquoi ? Il n’était pas encore prêt à l’avouer.
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