LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
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LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
DEAD CAN DANCE (O-Bon)Arc I : Big Boom Theory
Entouré des autres Koutetsu, Menocchio se sentait enfin à sa place. Partout, autour de lui, il reconnaissait des visages familiers, des amis d’enfance, des cousins, d’anciens collègues de la Garde. Tant de monde qui immanquablement venait le saluer, laissant entrapercevoir dans la voix rauque et froide du métis, des germes de bienveillance et de chaleur.
Pour la première fois depuis des années, il était réellement et simplement heureux.
Chaque personne qui avait rencontré Menocchio se souvenait de lui, vu qu’il était brûlé sur la majorité de son corps. Il était impossible de l’oublier. Il laissait toujours de vives impressions, en bien et en mal, plus en mal, sauf avec les Koutetsu qui le comprenaient et ne le jugeaient pas.
Il pourrait s’habituer à ces regards-là sur lui.
Tout Hokkaido était descendu jusqu’à Nagoya, les deux mondes qu’avaient connu le grand brûlé, se mêlait ici comme un syncrétisme. Partout, les dialectes aïnou, nivkhes, mongol, russes, s’échangeaient de toute part. C’était réconfortant, cela avait la saveur de l’enfance pour le métis, qui avait grandi à Sapporo avec ses deux parents, mais avait baigné dans la culture Nivkhes, connaissant le dialecte avant même le japonais et l’italien. La culture aïnou et sibérienne était sa culture, sa vie et avait rythmé son existence avant même qu’il ne puisse découvrir l’exorcisme.
Menocchio avait trop laissé de côté son identité.
À cette pensée, une vague de tristesse et de nostalgie envahit le grand brûlé, voilà des années qu’il n’avait pas parlé sa langue maternelle, les mots semblaient s’amenuiser dans sa tête. Il avait trop mis de côté la culture et le monde qui l’avait vu naître et il le regrettait. Il devait réparer cette erreur, il s’était trop éloigné de ses racines.
Dans ce monde bigarré qu’était la grande famille des Koutetsu, chacun avait sa place, même un métis italien défiguré à vie. Il n’était pas trop tard pour rattraper le temps perdu.
Sa famille était là et personne ne le repoussait, si bien qu’après quelques heures, le masque de Menocchio tomba, ne gardant que ses lunettes de soleil. Il n’était pas nécessaire ici de se cacher. Sa bouche tordue vers la droite, ses lèvres disparues par endroit, la peau rosée trop tiré vers la gorge, les symboles complexes nés des opérations couturaient cette face défigurée.
Les Koutetsu ne jugeaient pas l’apparence, seule la bataille inexorable contre la guerre et le maintiennent, des traditions importait. Le reste n’était que d’éphémère chimères sans importances.
Tout le monde s’activait pour le festival de l’O-bon ou la danse Oki-oki allait pouvoir être pratiqué et dévoilé à tout les incultes de cultures sibériennes.
À cet instant-là, une silhouette familière apparue dans le champ de vision du métis, c’était le frère de sa mère, Masahiko « Mieroslav » Koutetsu, un des maîtres stratèges du clan. Ne l’ayant pas vu depuis presque dix ans, Menocchio se dirigea alors vers son oncle qui était accompagné d’un homme d’un certain âge avec une longue barbe et de longs cheveux blanc comme la neige et à mesure qu’il se rapprochait, le métis se rendit compte que l’homme qui accompagnait son oncle était le primat blanc des Koutetsu, le seigneur de guerre Ezo.
C’était ici une occasion unique pour le grand brûlé de briller.
Le grand brûlé n’avait rencontré le chef du clan Koutetsu qu’à quelques occasions et ils n’avaient jamais réellement parlé. Après, c’était un être exceptionnel façonné par la Guerre et dans le sang. Il brillait plus par son charisme et sa puissance que par son amour du maintien des traditions. Ce serait mentir que de dire que Menocchio ne se sentait pas submergé par le stress alors qu’il s’approchait de l’être qu’il idolâtrait le plus. Mais il avait l’occasion idéal de rencontrer celui qui déjà dans l’enfance du métis était un exorciste reconnu.
Réajustant ses vêtements traditionnels Nivkhes, le grand brûlé s’inclina poliment et sobrement devant son oncle et devant le chef de son clan, déclarant de sa voix rauque :
« Mon oncle. Maître Ezo. Le métis se redressa, échangea quelques banalités avec son oncle, avant de se tourner vers le primat blanc du clan. Je suis désolé de vous avoir emprunté mon oncle, cela faisait bien des années que je ne l’avais pas vu, comme vous, il me semble, je crois bien me souvenir que cela fait plus de quinze ans que nous ne nous étions pas vus. »
Cela faisait effectivement plus de quinze ans, à l’époque où Menocchio se remettait de ses blessures et avait passé quelques mois dans la garde pour se remettre en forme et constater ce qu’il valait désormais qu’il était hideux. Durant cette période, ou il s’était rendu compte du danger que représentait la guerre, il avait aperçu Ezo Koutetsu plus d’une fois se battre et il avait été admiratif et horrifié de la situation catastrophique aux portes de chez lui. C’était pour cela qu’il avait regagné son travail de professeur à Nagoya, pour former des exorcistes compétents et à même d’aller aider au Nord à endiguer la menace courante que représentaient les fléaux. Il savait qu’il était plus utile pour l’instant d'enseigner et à créer des futurs exorcistes plutôt qu’à combattre les fléaux de la guerre.
Mais pour travailler au mieux à ce projet que de former de meilleurs exorcistes, il fallait laisser à Menocchio plus de place et d’autorité pour que les étudiants ne soient plus des cloportes incapables de préserver le monde de demain, mais bien des exorcistes. C’était pour cela que Menocchio avait besoin du soutien de son chef et le croiser ici était une chance.
« Je ne vous dérangerais pas longtemps, votre temps est précieux, mais j’espérais bien, vous croisez ici. Depuis que je suis professeur à l’académie de Nagoya, le niveau des élèves n’as fais que chuter à cause de l’incapacité des Kamo à produire des programmes capables de produire de vrais exorcistes en mesure d’affronter de réels dangers comme ceux qui menacent nos terres ancestrales. Je suis persuadé qu’avec des méthodes un peu plus… stricte… Comme celle avec lesquels nous éduquons nos enfants, les étudiants pourraient devenir de meilleur combattant pour endiguer le réel danger. »
Le métis déblatérait, synthétisant ces arguments pour empêcher que l’homme de guerre que fût Ezo ne perde son intérêt. Le niveau de stress du grand brûlé n’avait pas été aussi élevé depuis des années, il avait l’impression de jouer sa carrière ici. Ce serait un véritable cauchemar que de déplaire.
« Je compte bientôt solliciter le recteur général de l’académie pour devenir le prochain directeur de l’académie de Nagoya, j’ai l’ambition de sauver cette jeune génération. J’espère Monsieur, pouvoir compter sur votre soutien et ainsi pouvoir enseigner correctement pour agrandir les rangs de la garde à Hokkaido, qui je le sais, manque cruellement de main d’œuvre qualifiée. Je pense qu’envoyer des élèves sur le front pour les former et leur montrer ce qu’est réellement le danger ne pourras qu’en faire de meilleurs exorcistes et leurs faire comprendre l’étendue du danger. »
Le destin de Menocchio était désormais intimement lié à celui d’un chef qu’il idolâtrait, mais qu’il ne connaissait pas personnellement et le métis en était tellement conscient que cela en était presque cruel. Comment surmonterait-il le rejet, vu que cela était son ambition ultime que de former de meilleur exorciste pour permettre de sauver ce pays du danger endémique qu’étaient les fléaux ? Les dés étaient ici jetés, sans qu’aucune certitude sur le futur ne puisse être présente. Il ne pouvait qu’espérer avoir suivi toutes ces années, le bon chemin.
Le grand brûlé détestait l’incertitude.
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