LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
Nous hésitons à frotter nos doigts contre notre tempe - nous lançons des regards assassins aux mères dépassées par leurs garnements ; aux jeunes qui se bécotent en usant de leurs fluides corporels pour mieux attraper les bactéries ; aux vieux qui ronflent et soupirent dans leur fichu sommeil qui n'est pas leur dernier, malheureusement. Nous haïssons plus que tous les lieux communs, les endroits où la gente humaine se rassemble et nous n'avons guère le choix - nous n'avons nullement ce choix puisqu'une certaine fête se prépare et nous devons faire acte de présence ; ce n'était guère la première fois, mais nous avions toujours réussi à faire en sorte que notre femme et notre prétendu fils se tiennent éloignés de notre si singulière famille. Nous avons échoué cette année.
Nous imaginons déjà le pire, nous n'osons même pas imaginer ce que notre fils risque de produire en étant si indiscipliné, si rebelle, si farouche - que notre femme risque de devoir se courber, ne pas parler trop fort, ne pas couper la parole ; non, ils n'y arriveront jamais et nous signerons un arrêt de mort quasi immédiat. Nous aimerions tant nous ronger les ongles ! Mais nous ne le pouvons, notre rythme cardiaque s'intensifiant déjà rien que d'imaginer mettre nos doigts dans notre bouche, les microbes dans notre gorge : nous ne le pourrions jamais, mais ce n'est guère l'envie qui nous en manque. Notre famille n'est pas n'importe laquelle et encore moins avec nous - nous avons bien failli frôler le bannissement et la seule rédemption fut de quitter la région ; alors revenir dans celle-ci n'est jamais un plaisir, surtout en sachant que nous allons devoir courber notre échine, frôler ce sol dégoûtant et faire profil bas en rasant les murs. Tel un pestiféré.
Nous attendons de capter les regards en face de nous - de celui d'un gamin flamboyant à une femme iridescente ; avant de prendre la parole, devant hausser le ton, face au tumulte dans ce fichu wagon : « Écoutez-moi bien et ne me coupez pas la parole. Je vais être sincère. Une fois arrivé au domaine, ne parlez pas trop fort, ne coupez pas la parole, ne courrez pas dans les couloirs, écoutez les aînés et ceux de la branche principale et par pitié, ne contestez jamais les propos. » Un soupir las, un soupir long, un soupir. « Je dis pas ça pour vous faire chier. Mais il en va de notre maigre vie et je pèse mes mots. Nous ne sommes pas de la branche principale et je ne suis pas un individu recommandé - je suis une merde. Au moindre faux pas, ils n'hésiteront pas à se débarrasser de moi et je ne donne pas cher de votre propre peau. Alors, s'il vous plaît. » Nous ne disons jamais s'il te plaît. « Faites ce que je dis une fois là-bas. »
Et qu'on nous vienne en aide, car le train ne tarda pas à ralentir. Nous étions arrivés à destination et nous savions qu'une fois sorti de ce train, une voiture nous attendrait ; et que l'enfer sur terre s'incarnera dans les murs de cette résidence que nous redoutons ardemment.
Nous imaginons déjà le pire, nous n'osons même pas imaginer ce que notre fils risque de produire en étant si indiscipliné, si rebelle, si farouche - que notre femme risque de devoir se courber, ne pas parler trop fort, ne pas couper la parole ; non, ils n'y arriveront jamais et nous signerons un arrêt de mort quasi immédiat. Nous aimerions tant nous ronger les ongles ! Mais nous ne le pouvons, notre rythme cardiaque s'intensifiant déjà rien que d'imaginer mettre nos doigts dans notre bouche, les microbes dans notre gorge : nous ne le pourrions jamais, mais ce n'est guère l'envie qui nous en manque. Notre famille n'est pas n'importe laquelle et encore moins avec nous - nous avons bien failli frôler le bannissement et la seule rédemption fut de quitter la région ; alors revenir dans celle-ci n'est jamais un plaisir, surtout en sachant que nous allons devoir courber notre échine, frôler ce sol dégoûtant et faire profil bas en rasant les murs. Tel un pestiféré.
Nous attendons de capter les regards en face de nous - de celui d'un gamin flamboyant à une femme iridescente ; avant de prendre la parole, devant hausser le ton, face au tumulte dans ce fichu wagon : « Écoutez-moi bien et ne me coupez pas la parole. Je vais être sincère. Une fois arrivé au domaine, ne parlez pas trop fort, ne coupez pas la parole, ne courrez pas dans les couloirs, écoutez les aînés et ceux de la branche principale et par pitié, ne contestez jamais les propos. » Un soupir las, un soupir long, un soupir. « Je dis pas ça pour vous faire chier. Mais il en va de notre maigre vie et je pèse mes mots. Nous ne sommes pas de la branche principale et je ne suis pas un individu recommandé - je suis une merde. Au moindre faux pas, ils n'hésiteront pas à se débarrasser de moi et je ne donne pas cher de votre propre peau. Alors, s'il vous plaît. » Nous ne disons jamais s'il te plaît. « Faites ce que je dis une fois là-bas. »
Et qu'on nous vienne en aide, car le train ne tarda pas à ralentir. Nous étions arrivés à destination et nous savions qu'une fois sorti de ce train, une voiture nous attendrait ; et que l'enfer sur terre s'incarnera dans les murs de cette résidence que nous redoutons ardemment.